Régulation de la modification génétique chez l’Homme : enjeux et perspectives

La modification génétique chez l’Homme soulève de nombreuses questions éthiques, scientifiques et juridiques. Face aux avancées technologiques et aux enjeux sociétaux qui en découlent, il est nécessaire d’établir un cadre réglementaire adapté pour encadrer ces pratiques innovantes, tout en permettant la recherche et le développement de nouvelles thérapies. Dans cet article, nous allons explorer les principales problématiques liées à la régulation de la modification génétique chez l’Homme et les solutions envisagées pour y répondre.

Les enjeux éthiques et scientifiques

Toute intervention sur le génome humain soulève des questions éthiques complexes. D’une part, la modification génétique peut être perçue comme une atteinte à l’intégrité de la personne et à sa dignité. D’autre part, elle peut ouvrir la voie à des dérives eugénistes, en permettant de sélectionner certaines caractéristiques jugées « souhaitables » chez les individus.

Sur le plan scientifique, les techniques de modification génétique sont encore loin d’être maîtrisées. Les risques potentiels pour la santé humaine et l’environnement sont nombreux : mutations non désirées, effets secondaires imprévus ou transmission des modifications à la descendance. Il est donc essentiel de poursuivre les recherches pour mieux comprendre et maîtriser ces technologies avant d’envisager leur utilisation dans un contexte thérapeutique ou préventif.

Le cadre juridique international

Plusieurs instruments juridiques internationaux encadrent la recherche et l’application de la modification génétique chez l’Homme. Parmi ceux-ci, on peut citer la Convention d’Oviedo du Conseil de l’Europe, qui protège les droits de l’Homme dans le domaine biomédical. Cette convention, ratifiée par 29 pays, interdit notamment toute intervention sur le génome humain ayant pour but d’introduire une modification héréditaire. Elle stipule également que toute intervention visant à modifier le patrimoine génétique ne peut être entreprise qu’à des fins préventives ou thérapeutiques et avec le consentement éclairé de la personne concernée.

D’autres instruments juridiques internationaux, tels que la Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme adoptée par l’UNESCO en 1997, soulignent également l’importance de respecter les principes éthiques fondamentaux et les droits de l’Homme dans la recherche et l’application de la modification génétique.

Les initiatives nationales

Certains pays ont adopté des législations spécifiques pour encadrer la recherche et l’utilisation de la modification génétique chez l’Homme. Par exemple, en France, la loi relative à la bioéthique réglemente ces pratiques et interdit notamment la création d’embryons transgéniques ou chimériques à des fins non thérapeutiques. La loi prévoit également un encadrement strict des recherches sur les cellules souches embryonnaires et la création d’embryons à des fins de recherche.

Aux États-Unis, la régulation de la modification génétique est principalement assurée par la Food and Drug Administration (FDA), qui évalue la sécurité et l’efficacité des thérapies géniques avant leur commercialisation. Le National Institutes of Health (NIH) a également mis en place un comité consultatif sur la thérapie génique pour superviser les recherches dans ce domaine.

Vers une régulation mondiale ?

Les avancées technologiques et les enjeux éthiques liés à la modification génétique chez l’Homme appellent à une réflexion globale sur le cadre réglementaire à adopter. Plusieurs instances internationales se sont saisies de cette question, comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a créé en 2018 un groupe consultatif d’experts sur la gouvernance et la surveillance des technologies d’édition du génome. Ce groupe a pour mission d’étudier les implications éthiques, sociales et juridiques de ces technologies et de proposer des recommandations pour leur encadrement.

En parallèle, certains scientifiques appellent à l’établissement d’un moratoire international sur l’édition du génome humain germinal, c’est-à-dire sur les modifications susceptibles d’être transmises à la descendance. Un tel moratoire permettrait de prendre le temps nécessaire pour déterminer les conditions dans lesquelles ces interventions pourraient être autorisées, tout en évitant les dérives potentielles.

Conclusion

La régulation de la modification génétique chez l’Homme est un enjeu majeur pour notre société, tant sur le plan éthique que scientifique. Il est essentiel de mettre en place un cadre juridique adapté, qui permette d’encadrer les pratiques tout en favorisant la recherche et l’innovation dans ce domaine prometteur. Les initiatives nationales et internationales en cours témoignent d’une prise de conscience collective de ces enjeux, mais il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à une régulation harmonisée et efficace à l’échelle mondiale.